Un p’tit mot du capitaine
Passage de St-Lucie vers Bequia, Grenadines (60 milles
nautiques)
Nous avons quitté le bel ancrage de l’anse Cochon sur la
côte ouest de St-Lucie dans les alentours de 3 h 30 du matin. Mieux vaut partir
très tôt pour arriver avant la noirceur à notre destination. Beaucoup
d’obstacles à éviter, bouées de pêcheurs, voiliers à l’ancre non éclairé.
Finalement, c’est comme zigzaguer à travers un champ de mines. Alors ayons un
peu de jugement et arrivons à la clarté!
Le départ se fait en douceur et nous sommes chanceux car la
pleine lune nous accompagnera jusqu’au lever du soleil. Nous quittons
tranquillement Ste-Lucie en laissant les majestueuses montagnes « les Pitons »
à notre gauche.
Par la suite, c’est la mer, le passage entre St-Lucie et St-Vincent.
Un passage bien reconnu des navigateurs étant comme ‘’Olé Olé’’. Courant fort
avec marées, augmentation de la hauteur des vagues causée par les hauts fonds
de la mer, l’effet des îles, etc.
Pour ce passage, la fenêtre météo fut plutôt difficile à
choisir. Une météo très instable. J’avais l’impression que les belles
opportunités météorologiques changeaient à la toute dernière journée et
finalement notre meilleure fenêtre météo fut la moins belle.
Bref! Nous avions déjà fait les formalités pour quitter Ste-Lucie…alors
on poursuit!
Notre plan de navigation était de laisser passer l’onde
tropicale (dépression durant quelques jours) qui passait sur notre tête à Ste-Lucie.
Par-contre, lors de notre navigation en mer, le ciel était
encore chargé avec une possibilité de dégagement à l’horizon…Il y avait du
soleil là-bas.
Nous avons frappé quelques grains intenses entre les deux
îles. C’est toujours un peu stressant d’y faire face lorsqu’ils viennent vers nous.
Habituellement, on les surveille et on les voit venir de
très loin, le ciel est sombre, on voit bien la pluie qui tombe et on peut
déterminer l’agressivité du vent par l’angle de la pluie au large. Mais
celle-là est plutôt massive. La condition du ciel qui se dirige sur nous est
bien chargé et il s’en voient droit sur nous. Impossible de l’éviter. On
passera droit dans le centre du grain.
La température chute de quelques dégrées instantanément. La
mer force rapidement, les vagues annoncent le coup de vent à venir. On perçoit
bien le mur d’eau qui se dirige droit sur nous. La surface de la mer est
blanche tellement que la pluie tombe. On peut compter à la seconde près quand
ce mur arrivera sur nous. Les grains en mer peuvent être d’une force très violente.
La vélocité peut atteindre facilement les 35 nœuds et parfois même plus de 40
nœuds avec une visibilité nulle.
La pluie arrive horizontalement et nous fouette le visage.
Les yeux à moitié fermées, nous essayons de contrôler le voilier. Gigi est à la
barre et je règle les voiles afin de diminuer tout dommage au bateau. Ginette
est plus confortable à manœuvrer le voilier dans cette situation alors que je
réduis les voiles rapidement. Un bon travail d’équipe est essentiel dans des
situations critiques.
On retient notre souffle et l’on réussit à passer au
travers. Après quelques minutes, tout est derrière nous. Nous sommes
complètement mouillés et heureux qu’il soit enfin passé. Nous avons fini par voir la lumière au bout
du tunnel.
Un grain c’est toujours mystérieux car on ne sait jamais
quelle force il aura et combien de temps ça va durer!
WOW! Comme le dit souvent Ginette, ‘’Celle-là en était un
bon ». Cette journée-là, nous avons eu quatre grains au total, sans
compter ceux-là que nous avons pu éviter.
Une navigation que je considérerais plutôt difficile et qui
fait partie de notre vie à bord d’un voilier. Mais je dois par contre
mentionner que malgré tout cela, nous sommes finalement arrivés à notre
destination Bequia…et avons eu la chance de savourer une bonne bière froide à
l’ancrage en admirant le coucher du Soleil.
Ça finit toujours bien, une chance……
Capt Bob
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